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Portefeuilles indiciels : Quand la simplicité cache des défis majeurs

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Aymeric Converset

Head of Asset Management (Dynagest), ONE swiss bank

La gestion indicielle a conquis les investisseurs institutionnels avec ses promesses tenues d’efficacité à moindre coût, mais derrière ces bénéfices se cachent des défis souvent sous-estimés. Plongeons au cœur des subtilités de la gestion indicielle, et voyons comment transformer ces stratégies en véritables moteurs de performance durable.

Les défis cachés

Ces dernières années, les caisses de pension ont massivement adopté la gestion indicielle. La recherche académique et les coûts ont notamment contribué à ce succès. Toutefois, cet engouement n’a pas été exempt de lacunes, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de ces stratégies. En effet, si la décision de s’orienter vers la gestion indicielle est souvent mûrement réfléchie, sa mise en œuvre peut parfois manquer d’attention, notamment sur des aspects cruciaux comme la fréquence des rebalancements, l’influence des bornes d’investissement, ainsi que la gestion des flux entrants et sortants. Ces éléments, bien qu’essentiels à la performance à long terme, sont parfois relégués au second plan. On peut faire des analogies avec les phénomènes physiques de l’effet de résonance ou de l’effet papillon afin d’illustrer que certains détails paraissant anodins peuvent entraîner des conséquences importantes et impromptues lors de crises ou sur le long cours.

L’une des particularités de la gestion indicielle réside dans son fondement sur un rebalancement mensuel. Traditionnellement, les indices sont rééquilibrés de manière mensuelle, une pratique qui peut sembler simple à reproduire dans la gestion de portefeuilles indiciels. Cependant, dans la réalité, peu d’investisseurs suivent ce rythme, en raison des coûts de transaction, non négligeables, associés à chaque rebalancement.

Les subtilités du rebalancement

Pour contourner cette complexité, les caisses de pension ont adopté diverses rationalisations. La plus courante est le rebalancement trimestriel. À première vue, cette approche semble avantageuse, car sur les vingt dernières années, elle augmente légèrement la performance brute par rapport à un rééquilibrage mensuel tout en réduisant les frais de transaction, la volatilité et le taux de rotation du portefeuille. Cependant, cette surperformance est essentiellement due à deux événements spécifiques, la crise financière de 2008 et la pandémie de COVID-19, où les points bas des marchés ont coïncidé avec la fin des trimestres. Ces événements ont permis aux caisses de profiter de rebonds des actions importants, mais ils ne constituent pas un argument en faveur du rebalancement trimestriel en tant que stratégie systématique. En effet, une analyse statistique approfondie (type blockbootstrap) démontre qu’il n’y a pas d’alpha intrinsèque lié à ce type de rebalancement.

Une autre approche largement répandue est l’utilisation d’un bornage simple. Ici, les rééquilibrages sont déclenchés lorsque les allocations atteignent certaines bornes prédéfinies. Cette stratégie permet d’exploiter deux effets académiquement reconnus : l’effet « momentum » (procyclique) avec une surexposition structurelle aux actions et le phénomène de retour à la moyenne. En optant pour ce mécanisme, la borne « action » joue généralement un rôle clé dans le déclenchement des rééquilibrages. Ce modus operandi apporte une valeur ajoutée beaucoup plus cohérente sur le long terme. Cependant, plus les bornes sont larges, plus la tracking error et l’ampleur des rééquilibrages augmentent, ce qui peut accroître les risques associés.

Certains investisseurs adoptent des stratégies hybrides, comme un rebalancement trimestriel sous condition de dépassement de borne, ou un rebalancement basé sur les flux entrants et sortants. Cette dernière méthode, qui consiste à rééquilibrer les actifs en fonction des flux de trésorerie, présente l’avantage de limiter les coûts de transaction. Toutefois, elle présente aussi l’inconvénient de ne pas maîtriser le « timing » de ces flux, ce qui peut entraîner des rééquilibrages en des moments inopportuns, compromettant ainsi la performance du portefeuille.

La clé : une gestion indicielle optimisée

Si la gestion indicielle offre indéniablement des avantages en termes de performance et de simplicité, sa mise en œuvre ne doit pas être prise à la légère. Les différentes stratégies de rebalancement ont toutes des implications importantes en termes de coûts, de risques, et de performance. Il est donc crucial de maîtriser ces processus, notamment par des approches mathématiques rigoureuses. Le petit degré de liberté inhérent à toute stratégie passive contient un potentiel d’optimisation du portefeuille non négligeable qui peut être exploité. Car au-delà de l’apparente simplicité de la gestion indicielle se cachent des défis complexes qui, s’ils sont bien gérés, peuvent transformer ces stratégies en véritables moteurs de performance durable.

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